Los Alamos et armes nucléaires : quelles avancées durant la seconde guerre mondiale ?
Aujourd’hui, Los Alamos n’est plus un secret : c’est une petite communauté d’environ 18 000 personnes vivant dans la ville principale et dans une banlieue appelée White Rock. Mais le laboratoire nucléaire demeure, et la ville reste une île à bien des égards : une poche extraordinaire de richesse et de privilèges, entourée de certains des comtés les plus pauvres du Nouveau-Mexique, l’un des États les plus pauvres d’Amérique.
La ville est aussi en partie toxique. Le laboratoire de recherche nucléaire élimine toujours des déchets radioactifs. Un rapport de septembre 2016 du bureau de gestion environnementale du laboratoire a déclaré qu’il pourrait falloir plus de 20 ans et près de 4 milliards de dollars pour nettoyer les déchets nucléaires vieux de plusieurs décennies dans la région.
Le début du Projet Manhattan
Le dernier maillon du réseau très étendu du projet Manhattan était le laboratoire de recherche et de développement de la bombe à Los Alamos, situé dans les montagnes du nord du Nouveau-Mexique. Sous le nom de code « Projet Y », le laboratoire qui a conçu et fabriqué les premières bombes atomiques a commencé à prendre forme au printemps 1942 lorsque James Conant a suggéré à Vannevar Bush que l’Office of Scientific and Research Development et l’armée forment un comité pour étudier le développement de la bombe.
Bush accepta et transmit la recommandation au vice-président Henry Wallace, au secrétaire à la Guerre Henry Stimson et au général George Marshall (le Top Policy Group). Lors de sa nomination fin septembre, Leslie Groves avait reçu l’ordre de créer un comité chargé d’étudier les applications militaires de la bombe.
Pendant ce temps, le sentiment grandit parmi les scientifiques du projet Manhattan que la recherche sur le projet de la bombe doit être mieux coordonnée. Robert Oppenheimer, entre autres, préconise une installation centrale où les travaux théoriques et expérimentaux pourraient être menés selon des protocoles scientifiques standards.
Cela permettrait de garantir la précision et d’accélérer les progrès. Oppenheimer suggère que le laboratoire de conception de la bombe fonctionne secrètement dans une zone isolée, mais permette un libre échange d’idées entre les scientifiques du personnel. La ville de Los Alamos en Nouveau-Mexique a été choisi.
Un projet dirigé par de nombreux scientifiques de renoms
Groves choisit Oppenheimer pour diriger le nouveau laboratoire. Il s’avère être un excellent directeur malgré les préoccupations initiales concernant son inexpérience administrative, ses sympathies politiques de gauche et son absence de prix Nobel alors que plusieurs scientifiques qu’il allait diriger étaient lauréats.
Oppenheimer insiste, avec un certain succès, pour que les scientifiques de Los Alamos restent autant que possible une communauté universitaire, et il se montre capable de satisfaire les besoins émotionnels et intellectuels de son personnel très distingué.
Bien qu’Oppenheimer et Groves soient de tempéraments complètement différents, ils travaillent bien ensemble. L’alliance Groves-Oppenheimer, bien qu’elle ne soit pas intime, est marquée par le respect mutuel et constitue un facteur majeur dans la réussite du projet Manhattan.